En ce matin de juillet, Edgar H. se réveilla de bonne heure. Dans sa modeste maison en périphérie de la ville, il considérait depuis quelques temps l’été comme un fléau. Autrefois, dans cette même maison qui avait appartenu à ses parents, cette saison n’avait pourtant été pour lui que synonyme de bonheur : le jardin à l’arrière de la vieille bâtisse, démesurément grand par rapport à celle-ci, s’était transformé, dès que l’arrivée des premiers rayons de soleil l’avait permis, en cour de récréation où ses camarades de classe le rejoignaient après le goûter pour une partie de cache-cache derrière les arbres ou pour poursuivre les oiseaux qui s’envolaient en sifflant bruyamment.
– Je n’aurais jamais pensé que ça se termine comme ça.
Valentine est là. A mes côtés. Le ciel est en feu. Tout est en feu. Un navire s’embrase. Des cris. Beaucoup de cris. C’est le chaos. Les gens s’affolent. C’est la fin. L’air devient brûlant. Mes poumons brûlent. Encore et encore. Les étoiles tombent dans un vacarme assourdissant. La terre tremble. La lumière devient aveuglante. Tout devient lumière. Encore et encore. La pression me plaque au sol. Je lâche la main de Valentine. Je me mets en boule. Tout autour de moi disparaît. Je brûle. Je meurs. Encore et encore.
Je me réveille.
Suzie se leva plus tôt que d’ordinaire. Les pieds nus et les cheveux en volcan. Elle ne sentait pas le froid. Lentement, elle se dirigea vers la chambre tiède de sa mère. Ce matin, le craquement du plancher avait une résonance en biscotte alors que d’habitude c’était comme un croûton de pain rassis.