« 12 chèvres pour le Temple, 24 pour le Palais, encore 12 pour l’Intendant et 4 pour les crocodiles sacrés. »
Mer-E-Ptah considéra les hiéroglyphes qu’il venait de tracer. Tout semblait y être cette fois, les couleurs, les formes, l’orthographe, la syntaxe.
Il se redressa et étira ses membres endoloris.
– Alors, Mer-E-Ptah, encore en train de fainéanter?
Le jeune homme sursauta, reprit la posture correcte du scribe et, le cœur battant, tendit son travail au Maître des Ecritures.
Celui-ci l’examina longuement, d’un air dédaigneux.
– Mouais, vous avez encore oublié qu’il faut deux soleils après le faucon quand il s’accorde avec le chacal, mais ce n’est pas pire que d’habitude. Tenez, voilà un autre texte à copier.
Mer-E-Ptah jeta un coup d’œil sur le papyrus qu’on lui tendait. Oh, mon dieu, encore des chèvres! Il n’en pouvait plus des chèvres, il en rêvait la nuit. Et quand ce n’était pas des chèvres, c’étaient des vaches, des poteries ou des gerbes de blé.
Ce n’était donc que ça, pour eux, l’écriture? Il ne faudrait utiliser ces formes magnifiques, ces couleurs éclatantes, que pour compter des sandales ou des bêtes à cornes?
Ces vieux scribes étaient tous des esclaves de la routine. Un jour lui, Mer-E-Ptah, leur montrerait ce qu’on peut faire avec de l’encre et un calame.
Et d’ailleurs à ce sujet…
Il jeta discrètement un coup d’œil autour de lui. Personne ne le regardait, et le Maître des Ecritures s’était éloigné. Il tira doucement un autre papyrus de sous son écritoire et, le tenant dissimulé parmi les autres, reprit le fil de son récit:
« Alors, après avoir vaincu la terrible hydre à douze têtes, le Prince Horus se dirigea vers le Palais du redoutable Démon… ».