Le journal télévisé de la mi-journée s’achevait sur les dernières images reçues depuis la planète Mars. Elles étaient d’une telle qualité qu’il était difficile de croire qu’elles arrivaient de si loin. Les détails perceptibles et les couleurs, dans des tons ocre-jaune, étaient tout à fait comparables à ce que l’on pourrait voir sur des clichés terrestres de zones désertiques. La seule chose étonnante était l’apparente absence totale de vie : pas le moindre insecte ni même un brin d’herbe desséché agité par le vent. Des vues d’ensemble révélaient des sillons évoquant d’anciens lits de rivières maintenant asséchés. Des strates bien dessinées suggéraient l’existence de dépôts marins ou lacustres. Les analyses physico-chimiques confirmaient ces impressions : de l’eau en quantité avait été présente sur Mars et peut-être des formes de vie avaient-elles existé. Bertrand n’écouta plus le commentaire lyrique du présentateur et se prit à rêver. Où est passée cette eau ? Pourquoi était-elle remplacée par cette poussière ocre ? Le saura-t-on jamais ? Eteignant le poste, il décida qu’il était temps de prendre l’air et de profiter de ce dimanche de printemps ensoleillé. Bertrand avait la passion des plantes, mais pas de toutes les plantes. Celles qui lui plaisaient étaient les plus bizarres, les plus difformes. Il était, entre autres, fasciné par les petits bonsaïs aux formes extravagantes, en particulier ceux qui semblaient pousser directement sur les pierres. C’était sans doute cette sorte de transformation directe, dans la douleur, du minéral au végétal, de l’inerte au vivant, qui nourrissait son imagination. Il voyait dans les ramures rabougries, hésitantes et torturées de ces minuscules arbustes tous les efforts de la vie pour se dégager de la glaise originelle. Le spécimen qu’il découvrit ce jour là au cours de sa balade dominicale dans le Pilat était certainement le plus curieux qu’il ait jamais vu. Ses connaissances en botanique étaient assez bonnes. Pourtant, il était incapable de donner un nom à ce végétal, ni même de déterminer s’il s’agissait d’un arbre minuscule, d’une fougère inhabituelle, d’une mousse arborescente ou peut-être d’un lichen. Le plus surprenant était encore son ancrage qui semblait solide et qui pénétrait directement le rocher, sans utilisation de la moindre fissure visible. Il n’avait pas eu de mal à le découvrir car il formait une tache verte bien visible dans une zone desséchée. Les herbes et les buissons alentours étaient si secs qu’ils partaient en poussière au premier contact. La terre elle-même avait pris un aspect sablonneux. Sans doute cette curieuse plante avait-elle des facultés particulières de résistance, comme le suggérait son accrochage au rocher. En fait, la sécheresse ne l’avait pas totalement épargnée puisqu’une sorte de poussière impalpable s’en échappait. Bertrand pensa que cette année encore, l’été serait caniculaire. Il décida de casser un fragment de rocher et d’emporter sa trouvaille fichée dans son support. De retour chez lui, il plaça son bonsaï du Pilat, comme il l’avait baptisé, près de la fenêtre qui dominait le confluent dans son appartement de La Mulatière. Avec un peu de chance, peut-être arriverait-il à le bouturer pour en reproduire d’autres exemplaires. Bertrand était ingénieur en génie civil, spécialiste des bétons. Il pouvait disserter des heures sur la qualité, la texture, l’aspect des bétons ; sur les adjuvants et autres compléments qui permettaient de réaliser de si beaux matériaux. Il aimait promener ses mains sur les ouvrages fraîchement décoffrés. La sensation qu’il éprouvait était quasiment sensuelle. Mais ses discours sur le sujet, souvent enflammés et proclamés après quelques verres, ne passionnaient pas vraiment ses petites amies. Ainsi ses conquêtes, relativement faciles car il était charmant et enjôleur, finissaient-elles généralement par opposer un refus poli mais ferme à la proposition de terminer la soirée chez lui pour un dernier verre. Pourtant, ce soir là, Estelle accepta de l’accompagner pour voir cette plante exceptionnelle dont il lui avait tant vanté l’intrigante beauté durant tout le repas. Pour une fois, les bétons n’avaient même pas été mentionnés. Elle se dit que si cet engouement de Bertrand lui faisait oublier ses habituelles rengaines cela méritait de prendre quelques risques. Estelle était biochimiste et travaillait au service d’hygiène et de contrôle sanitaire de la ville de Lyon. Ils se connaissaient depuis leurs études supérieures réalisées dans des établissements voisins à Villeurbanne. Elle savait bien ce que Bertrand avait derrière la tête, mais malgré tout, sa curiosité de chercheur avait dominé sa réticence à affronter ses mains très baladeuses. Bien que le rencontrant épisodiquement, elle n’était encore jamais allée chez lui. Elle l’imaginait dans un bel immeuble moderne, bien entendu en béton de la meilleure facture. A l’approche de l’immeuble, les gyrophares bleus inquiétèrent Estelle. Mais Bertrand la rassura : « C’est encore ma voisine du dessus qui est âgée et qui fait des siennes, j’ai l’habitude de voir venir les pompiers ». Son assurance flancha pourtant en voyant les barrières autour du bâtiment. « Mais qu’est-ce qui se passe? » demanda-t-il à un policier qui lui barrait l’accès, « J’aimerais bien rentrer chez moi ! ». « Désolé Monsieur, mais c’est impossible. Tout le monde a été évacué. » entendit-il répondre. « Des morceaux de façade et de balcon sont tombés et l’immeuble pourrait être dangereux ». Malgré le tragique de la situation, Estelle ne put s’empêcher de le taquiner : « Hé bien, pour un spécialiste des constructions tu aurais pu mieux choisir !… ». Et pour le consoler elle ajouta : « Allez, ne fais pas cette tête, c’est sans doute un micro-mouvement de la colline. Demain, tout sera consolidé, et tu retrouveras ton logis. En attendant, pour ce soir, je t’offre l’hospitalité ». Bertrand ne fut pas du tout rassuré de savoir qu’il habitait peut-être sur un sous-sol mouvant. Mais la perspective d’une nuit finalement plutôt intéressante le décida : « Bon, OK, allons-y, mais il va falloir que tu sois très gentille pour me faire oublier ces ennuis… ». Bertrand se réveilla de très mauvaise humeur. Le canapé n’était pas confortable, il avait mal dormi et Estelle avait très astucieusement esquivé ses avances. Il la trouva dans la cuisine, prête à partir, ce qui n’arrangea pas son humeur. « Salut ! » dit-elle « Tu as du café, fais comme chez toi et laisse moi la clé dans la boîte aux lettres. Je suis à la bourre, je file ». Il bougonna un vague merci avant de s’affaler sur une chaise. Il n’était pas du matin et n’arrivait pas à admettre cette belle occasion manquée. Machinalement, il mit en route la radio et écouta distraitement en tentant de faire émerger son esprit embrumé. Le commentateur d’une radio locale débitait un discours convenu où il était question d’architectes négligents, d’entrepreneurs malhonnêtes, de constructions qui n’étaient plus ce qu’elles étaient et des dangers que l’on faisait courir à une population innocente. Il lui fallut un long moment pour réaliser que ces propos concernaient très probablement son immeuble. Manifestement, la situation était sérieuse. Avant de se rendre à son travail, il passa chez lui pour constater effectivement que tout danger n’était pas écarté. Le bâtiment était méconnaissable. Plein de taches verdâtres et avec des fragments de façade écaillés. Mais l’immeuble avait été sécurisé et il put pénétrer dans son appartement où il remarqua sa fenêtre ouverte. Il récupéra rapidement quelques affaires, et rejoignit son entreprise. Bien entendu, dès son arrivée, il raconta son histoire en laissant croire malgré tout que cette mésaventure avait eu quelque avantage nocturne. Après l’avoir blagué pour son aptitude à ne pas perdre le nord, chacun y allait de son hypothèse : économie malhonnête de ciment dans la construction, dosage incorrect du béton, utilisation de sable marin… La sonnerie du portable de Bertrand mit fin à ce colloque improvisé devant la machine à café. C’était Estelle : « Bertrand, décidément, il se passe des choses étranges. Je dois analyser deux échantillons curieux : un fragment de béton recouvert d’une moisissure verte et un prélèvement d’eau réalisé dans le Rhône, au barrage de Pierre Bénite, et qui est infesté de particules verdâtres. Ces trucs m’ont rappelé ce qui, hier soir, semblait tacher ton immeuble ». Bertrand l’informa des derniers évènements et ils décidèrent de se retrouver pour déjeuner. Il arriva le premier et son attention fut attirée par les conversations animées des convives déjà attablés. Tous s’étonnaient de la baisse des eaux du Rhône, alors que la saison avait été plutôt pluvieuse. Des lônes se formaient par endroits, rappelant à certains des situations anciennes que leurs grands-parents évoquaient. Estelle arriva très excitée. Elle était impatiente d’informer Bertrand des résultats de ses observations. « Je n’ai jamais rien vu de semblable. Il ne s’agit ni d’une algue, ni d’une bactérie. Apparemment rien de connu. Mais il faudra bien des études complémentaires pour s’y retrouver. Ce qui est étrange, c’est que le milieu aqueux diminue rapidement alors que de l’oxygène se forme. Quant au béton, il se désagrège très vite. C’est comme si cette moisissure se nourrissait de silicate d’alumine ». Bertrand se raidit : « Ecoute, j’ai comme un étrange pressentiment. Je me demande si cette sorte de plante que j’ai récupérée ne serait pas un organisme mutant, devenu capable d’attaquer le béton et la roche ? J’ai laissé ma fenêtre ouverte hier et tout vient peut-être de là. ». Estelle s’esclaffa « Je crois que tu vas un peu vite et que tu nages en pleine science-fiction ! ». Mais Bertrand insista :
– J’aimerais quand même bien ton avis. Si tu veux, on se retrouve chez moi après le boulot et on avisera.
– Si c’est encore une proposition foireuse de ta part, je te préviens : c’est non !
– Pas du tout, je n’ai aucune intention libidineuse. C’est uniquement de l’intérêt scientifique.
Sans être totalement convaincue de la sincérité de son ami, Estelle accepta.
Lorsque Bertrand rentra chez lui, il fut surpris de constater que seul son bonsaï se portait bien. Ses autres plantes étaient desséchées et partaient en poussière. Il régnait une odeur atroce. Estelle arriva pendant qu’il cherchait la cause de cette puanteur.
– Hou, qu’as-tu cuisiné pour m’accueillir ? Si c’est ton aphrodisiaque préféré, il ne doit pas être très efficace !
– Ne te moque pas. Il se passe ici de curieuses choses.
Ils découvrirent bientôt que les siphons de tous les appareils sanitaires étaient vides et que les effluves des collecteurs remontaient ainsi directement dans l’appartement. Bertrand affirma qu’il était maintenant convaincu que son bonsaï aspirait toute l’eau disponible. « D’ailleurs, je me souviens qu’autour de lui, dans la forêt, tout était sec ». L’examen de la plante incriminée n’apporta pas grand-chose, sinon qu’elle dégageait toujours cette poussière verdâtre. Ils décidèrent néanmoins de la faire expertiser. Le responsable du jardin botanique n’avait guère le temps : il préparait son exposition annuelle de la roseraie et s’excusa poliment en ajoutant ironiquement: « Vous devriez la faire voir à un pharmacien, ils s’y connaissent en herborisation ». Le laboratoire de botanique de l’université ne montra guère plus d’intérêt, se déclarant plutôt spécialiste des plantes à fleurs. Piquée au vif par le manque de curiosité de ces soi-disant professionnels, Estelle décida de voir elle-même si elle pouvait résoudre cette énigme, en se faisant aider par quelques scientifiques qu’elle connaissait. Bertrand de son côté rechercherait s’il y avait effectivement un effet de cette poussière sur le béton. Il fallut plusieurs semaines pour aboutir à un constat autant décevant qu’inquiétant. En présence d’humidité, et à température ambiante, la poudre dégagée par le bonsaï attaquait bien les bétons. Certains se désagrégeaient assez rapidement. D’autres étaient plus résistants, mais tous étaient altérés. Placée dans l’eau, la poudre provoquait une hydrolyse, avec dégagement d’oxygène et formation de composés hydrogénés qui semblaient stimuler l’accumulation pulvérulente. Pendant que ces travaux se déroulaient, d’autres bâtiments maculés avaient été découverts et des cours d’eaux continuaient à s’assécher. Mais curieusement, ces anomalies n’avaient pas les honneurs de la presse et encore moins de la télévision. Tout au plus, des éditions régionales mentionnaient-elles épisodiquement des concentrations de poissons morts, en attribuant ces hécatombes à des rejets de polluants industriels ou agricoles. Il faut dire que les échéances électorales approchant, le public était beaucoup plus intéressé par les querelles des tenants des baronnies locales que par la baisse de niveau du Gier ou du Garon. Estelle et Bertrand étaient maintenant tous les deux fermement convaincus, non seulement que le bonsaï était à l’origine de tous ces ennuis, mais qu’il s’agissait bien d’un organisme inconnu, probablement issu de la mutation d’un lichen. Bertrand pensait même que cette modification avait pu reconstituer un organisme semblable à l’un des premiers êtres vivants, ayant sans doute contribué à l’accumulation d’oxygène à partir des eaux de la planète encore juvénile. Estelle, beaucoup plus concrète que son ami, se préoccupait surtout des conséquences de la prolifération de cette chose, tout compte fait, monstrueuse. Ce qui aurait pu n’être qu’une péripétie locale, prit rapidement des proportions nationales lorsque survint la rupture du barrage de Pierre Bénite et les inondations catastrophiques en aval. Les bas quartiers de Vienne étaient submergés, Valence s’attendait au pire et l’alerte était déclenchée dans toute la vallée du Rhône, jusqu’en Camargue. Ces catastrophes décidèrent Estelle et Bertrand à faire part de leurs hypothèses à leurs chefs de service respectifs. Non seulement on ne les prit pas au sérieux, mais on leur reprocha de perdre du temps avec des élucubrations ridicules au lieu de se concentrer sur leur travail. Devant cette mauvaise foi, ils décidèrent d’alerter les médias. Ils n’eurent guère plus de succès, mais la chaîne de télévision locale, TLM, leur accorda une interview. Le journaliste avait filmé le bonsaï en gros plan, il avait ajouté des images de façades maculées et de cours d’eau asséchés et interrogeait ses interlocuteurs sans prendre la peine de dissimuler son scepticisme ironique.
– Vous prétendez que cette plante serait responsable de la lèpre du béton (c’est ainsi que les journaux qualifiaient les modifications observées), de la baisse du niveau des eaux des rivières et même de la rupture du barrage de pierre Bénite ? Etes-vous sérieux ? µ
– Tout ce qu’il y a de plus sérieux, s’indigna Estelle. Et personne ne nous écoute !
– Mais comment cette chose inoffensive pourrait-elle causer tant de dégâts ?
– Justement parce quelle n’est pas inoffensive. Elle a subi une mutation. Son métabolisme s’est modifié si bien qu’elle est maintenant capable d’attaquer directement les pierres et le ciment et de transformer l’eau.
– Elle se serait donc muée en alchimiste ? Si elle poussait sur du plomb, obtiendrait-on de l’or ? persifla le journaliste.
– Il ne s’agit pas de ça, enrageait Estelle, mais d’une transformation comparable à ce que l’on connaît déjà chez les animaux. Par exemple, l’évolution de neurones sains, avec des protéines prions normales, en neurones aux prions mutés, responsables de nombreux désordres neurologiques dont la maladie de la vache folle et chez l’homme une forme de Creutzfeldt-Jakob.
Ces explications dépassaient les connaissances du journaliste et il préféra terminer là l’interview Il ne pensait pas que ces propos méritaient d’être pris au sérieux mais enfin, pour meubler une poignée de secondes au JT, cela pouvait toujours amuser.
Lorsque le lac Léman fut également envahi par cette matière verte et que ses eaux commencèrent à baisser, les autorités françaises et helvétiques s’inquiétèrent. La presse française déclara que la pollution du Rhône avait sa source à Genève et accusa les multinationales pharmaceutiques suisses d’avoir rejeté de mystérieux composés. Bien entendu les responsables genevois répliquèrent vertement et accusèrent les industries chimiques en aval de Lyon d’avoir déversé dans le Rhône des produits capables de se répandre en amont, jusqu’à la source du fleuve. Les écologistes des deux pays accusèrent tout le monde.
Face à cette situation inexplicable, mais peut-être industriellement sensible, une commission franco-suisse fut constituée. Elle ne tarda pas à conclure ses travaux en déclarant : « que la baisse du niveau des rivières et des lacs était un phénomène hydrologique périodique et normal, que la modification visible des eaux était en voie de stabilisation, que rien ne prouvait la nocivité de
ce phénomène, que les autorités contrôlaient parfaitement la situation, et qu’en conséquence il n’y avait là aucun sujet sérieux d’inquiétude ». Certes, les membres de la commission n’étaient pas dupes. Ils ne savaient rien, ne maîtrisaient pas les phénomènes observés, mais ne voyaient aucune raison de perturber la population, obtempérant en cela aux suggestions appuyées des responsables politiques. Estelle et Bertrand n’étaient pas plus rassurés pour autant, mais ils commençaient à douter. Après tout, peut-être que cette sécheresse était bien un phénomène climatique cyclique. Le Rhône et la Saône transformés en oueds seront sans doute des curiosités touristiques passagères, des clins d’œil de la nature. Les altérations de bâtiments et les accumulations de pollution verte s’étant ralenties, sans toutefois disparaître, Bertrand tenta de convaincre Estelle d’oublier tout cela : « Allons donc passer un week end à la montagne et tu verras, tout ira mieux ». Il était certain que là, toutes les conditions seraient réunies pour qu’une idylle commence…
Après une crise paroxysmale de nutrition et de multiplication, son métabolisme s’était calmé. Il avait lentement, mais inexorablement consommé au fil des ans toute l’eau disponible sur cette planète. Cette lenteur était sa protection, ce qui constituait son invulnérabilité. Car, comme tout processus physico-chimique, il pouvait être interrompu. Sa sensibilité était maximale dans sa phase de rapide reproduction suivant son arrivée sur un nouveau monde propice. Maintenant qu’il s’était immensément multiplié, il était en mesure de reprendre son périple. L’univers était sans limite imaginable et même la multitude qu’il était devenu ne représentait rien à cette échelle. L’espace interstellaire n’était pas vraiment le vide absolu pour lui. La chimie sidérale générait des traces infimes d’agrégats atomiques. Les comètes se sublimaient en dispersant quelques rares assemblages moléculaires dans l’immensité de l’univers. Cette maigre manne suffirait pourtant à maintenir son métabolisme minéral intemporel. L’essentiel était de perdurer jusqu’à rencontrer des conditions favorables à sa reproduction. En cela, et à sa manière, il était vivant. Peu de choses suffiraient pour que sa quête du Graal s’achève, pour que son immense appétit de croissance et de multiplication se réveille : de l’eau et quelques minéraux. Et, après épuisement total de la subsistance disponible, il repartirait, multiplié à des milliards d’exemplaires, vers d’autres nourritures. Peu importait si elles étaient encore à des années lumières. Il avait le temps, il était le temps.