Ah non ! Alors là non !
J’ai passé des heures et des heures à récurer ce studio ! J’ai tout nettoyé, rangé, tout est passé du gris au blanc, tout est net, tout brille, j’hésite à allumer de peur de finir aveugle. Tout resplendit, tout est beau, enfin. J’avais mis des heures pour tout remettre à neuf ! J’ai aussi mis un temps fou avant de m’en sortir avec les meubles. C’est plus petit
que mon précédent logement, j’ai dû être ingénieux. Je n’aurai jamais pensé que le moule à gaufre tienne si bien sur mes livres dans la penderie. Pendant longtemps je me suis demandé quoi mettre sur quel mur ; où les cartes postales, où les affiches de concert ? Et la photo du neveu ?
Je crois que le pire a été le coin cuisine. Trois quarts d’heure pour réussir à tout faire tenir, la râpe à fromage en équilibre, les bols coincés dans les casseroles, la boite de chocos écrabouillée sous la cocotte, nécessaire sacrifice. J’ai ensuite tenté de nettoyer la baignoire. J’ai récuré comme un forcené, m’incrustant de la paille verte jusqu’aux os des mains, puis j’ai rincé à grande eau. Il y en avait partout sur le sol ; pas grave que je me suis dit. Erreur. En allant chercher la serpillière, j’ai glissé sur une mare d’eau qui s’écoulait de sous mon évier. Les joints de la baignoire était mal faits, l’eau s’était introduite de la salle d’eau à la cuisine en passant par la cloison reliant les deux pièces. Résultat : obligé de déménager tous mes ustensiles, démontage du meuble de cuisine en bonne et due forme. Sous les planches, un médecin légiste n’aurait eu aucun mal à identifier un reste de pâtes carbonara de l’année dernière flottant aux côtés d’un doseur poussiéreux et d’un rouleau de PQ imbibé jusqu’au carton.
Appart pourri ! Je me suis fait avoir par le charme suranné et vieillot d’un immeuble en pierre, je me retrouve face à un Titanic locatif, une Bérézina du bail, un Pompei de l’immobilier. Ce n’est pas exactement le passé que j’attendais voir surgir de ces murs. Du coup, je ne suis pas sorti du week-end. J’ai passé mon samedi soir à nettoyer le plafond, colmater tous les trous dans les plinthes ainsi que les brèches des rebords de fenêtres, sans oublier les fissures d’un des murs. Plus un seul courant d’air ne peut maintenant se glisser sous la porte. Sous ma porte. Bien piètre consolation, quand je pense que j’ai loupé la soirée du siècle chez Alice. Il faudra que je l’invite à ma pendaison de
crémaillère. Juste elle et moi. Ce serait bien.
Sauf que là, non ! Non, non, non ! Comment a-t-elle pu échapper à mon nettoyage si parfait ? Elle me nargue, me regarde de haut, tranquillement perchée sur mon armoire. Epuisé, étalé tout habillé sur mon lit, je la regarde avec horreur et dégoût, la vue brouillée par la sueur du travailleur. Elle a échappé, je ne sais comment, au grand déluge de son petit monde. Poilue et ventrue, elle m’observe de tous ses yeux vitreux. Mademoiselle l’araignée, ne comptez pas polluer mon bel univers… Cet endroit est maintenant comme ma peau, l’air chaud des radiateurs est mon souffle. Cette eau des robinets est mon sang, versé pour moi. Les sandwichs dans le frigo sont ma chair, livrée pour moi. Tu n’es pas conviée à un dernier repas, ma belle, je ne suis pas Jésus et tu ne vas pas me déranger longtemps !
Je me lève doucement, pour ne pas l’affoler. Elle recule de quelques pattes, l’air méfiante. Je mets les mains dans les poches et me dirige doucement vers une étagère, pour la rassurer. C’est bon, elle semble se détendre. J’ai doucement conscience de peut-être en faire un peu trop, mais je ne veux pas la louper. J’ai horreur de ces bestioles. Depuis tout petit. Ho-rreur. Oui monsieur, parfaitement. C’est dégoûtant, pas hygiénique, ça n’a rien à faire là car ça ne sert à rien, et, ô mon Dieu oui, ça pourrait faire peur à Alice. Je prends un lourd classeur en sifflotant nonchalamment. Intrigué, le parasite s’est avancé jusqu’au bord de son perchoir, les deux pattes de devant pendues dans le vide. Je ne peux me retenir de cacher le classeur dans mon dos en m’approchant de la sale bête, à pas lents et mesurés. Elle ne se doute de rien.
– Gentille fifille à son papa, gentille, gentiiiiille…
Paf ! J’ai explosé mon classeur et une bonne partie du bois du meuble, sans aucun résultat. Mon bras n’en était encore qu’à mi-course que déjà l’araignée s’était carapatée derrière le meuble. OK, j’ai compris. Je m’empare d’un journal, plus léger à manœuvrer, et je tire le meuble. Pas le temps de le vider, une bonne partie de mes affaires dégringole, tant pis pour le voisin du dessous. Entre deux ahanements, je la vois filer contre le mur. Je fonce sur elle, le journal en avant ; trop large pour l’écartement, je sens le haut de l’armoire filer vers le sol. Dans une ridicule tentative pour le retenir, je tente d’agripper le dessus. Je me retrouve les deux bras en l’air après une violente explosion sonore. Le silence qui suit n’en est pas moins assourdissant. Je crois voir tous mes voisins, l’oreille tendue, les yeux froncés, attendant avec méfiance une seconde couche de nuisance sonore. Moi je reste seul, les bras ballants, dans la poussière de bois qui s’élève des planches cassées.
Je me couche, exténué. J’ai tenté de voir où avait bien pu passer la fautive, peine perdue. J’ai retourné tous les meubles et toutes mes affaires sans succès. Elle a dû se faufiler ailleurs. Bon, ben pour une fois j’aurai une bonne raison de demander du fric aux parents, me dis-je en constatant les dégâts. J’éteins ma lampe de chevets et me blottis sous les couvertures, les yeux encore un peu piquants des restes de poussière. Je repasse mentalement
le week-end écoulé. ‘Tain, j’en aurai vraiment chié. Mais au moins je peux savourer ce home sweet home. Et tant pis pour l’armoire, c’est pas la mort. Au moins je suis bien au ch… Au chaud ? Je me redresse. Je suis au chaud. Forcément, j’ai colmaté toutes les fissures de l’appartement. Tous les trous. Toutes les ouvertures. Un courant d’air ne pourrait se glisser sous une fenêtre. Pas même un courant d’air, non. Cet appartement est hermétique.
J’avance doucement la main vers l’interrupteur. Même si je m’y attendais, je sursaute. Elle est là. Au beau milieu de la pièce, tache noire au milieu du carrelage blanc. Je fais mine de mettre un pied sur le sol. Elle recule. Je remets ce pied au chaud sous la couette.
Elle se ravance jusqu’à son point d’origine.
Je reste allongé dans mon lit, à l’observer. Je sais que jamais je n’oserai éteindre la lumière. Les yeux grands ouverts sur cette horreur poilue à huit pattes, j’ai le sentiment qu’elle n’est pas prête à vouloir partir.
– J’ai l’impression qu’on va passer une très longue nuit, dis-je.
Elle ne me répond pas.
Je suis sorti acheter quelques produits chimiques contre cette sale bête. En partant, j’ai hésité quelques secondes à laisser la porte ouverte, pour qu’elle puisse s’en aller. Je l’ai refermée en me disant que de toute façon elle ne quitterait jamais son territoire chaud et confortable pour un couloir froid et humide. Dans le rayon « Produits d’entretien » je suis frappé par le nombre de bestioles contre lesquelles il faut se prémunir. Cafards, fourmis, mouches et moustiques semblent être les ennemis jurés des chimistes. Mais pour les araignées, y a quasiment que dalle. C’est avec une moue sceptique que je passe à la caisse pour payer deux bouteilles d’un produit générique « contre tout insecte rampant ». Je n’ai pas vraiment confiance, mais c’était la marque avec le plus gros logo à tête de mort. Une fois essayé dans le studio, je comprends pourquoi. Je crache mes poumons en ouvrant la fenêtre, et ils se vident dans l’air pur des gaz d’échappement du centre-ville. J’ai la tête qui tourne dans tous les sens et les yeux troubles d’un alcoolique. Je me rappelle un instant les récits de mon grand-père sur le gaz moutarde, quand je l’aperçois. Elle aussi est penchée à la fenêtre, agitée de soubresauts. Après ce que je viens de lui faire subir, j’hésite à l’écraser. Entre deux quintes de toux je balance la main pour la faire tomber dans la rue.
Pas vraiment certain de l’avoir eue, je referme la fenêtre en apnée et sors de l’appartement en courant. En claquant la porte derrière moi, j’adresse une discrète prière à Dieu pour que mes affaires ne prennent pas trop l’odeur de la soude. Cependant, ce hammam destructeur est la seule manière d’être sûr d’en avoir définitivement fini avec l’intruse.
Je rentre chez moi exténué. J’ai marché dans les rues toute la journée pour m’aérer la tête, mais à l’autre bout de la ville il a commencé à pleuvoir et je m’en suis retourné trempé. Après ça, un vent froid s’est levé et je crois bien avoir choppé la crève. J’ouvre la porte avec appréhension… Rien ! J’en serai presque déçu tellement je m’attendais à quelque chose. Par contre le studio sent horriblement le renfermé. Tant pis, j’aérerai plus tard, me dis-je en me traînant jusqu’à la salle de bain. Là, je passe le moment le plus agréable depuis bien longtemps. Les doigts de pieds en éventail, le ventre dépassant légèrement de l’eau bouillante, je fume cigarette sur cigarette dans ma baignoire récurée de frais. C’est avec le plaisir du travail bien fait que je sors du bain en regardant l’eau s’écouler sans retenue dans le siphon vide de tout reste de cheveux gluants. En caleçon, je me glisse sous la couette chaude comme un bienheureux. Je renifle cependant l’oreiller pour m’assurer qu’il n’a pas trop pris une odeur chimique. Rassuré, je le
tasse consciencieusement et par là même dérange ma colocataire qui s’était cachée dessous. Celle-ci file se réfugier entre le mur et le matelas. Je crains de comprendre : elle a réchappé à mon attaque au gaz en se glissant sous l’oreiller, là où l’air mortel ne pouvait pas se glisser. Je soupire. Bon. Si je veux en être débarrassé, il va falloir que je soulève le matelas, un magazine à la main.
Je me lève, tire toute la couette, l’étale sur le sol, et c’est enroulé dedans que je saisis mon sac pour m’en faire un oreiller. Je m’occuperai d’elle demain. Là, j’en ai vraiment trop marre.
Mon réveil crie depuis plusieurs minutes sans que je trouve la force d’ouvrir les yeux. Même si le sol n’est pas très confortable, il vaut toujours mieux que l’air glacé de la salle de bain. En vérité, je n’ai aucune envie de me lever pour aller en cours. Eurk ! Elle m’est passée sur le visage ! Avec quelques secondes de retard je me donne une grande claque pour la tuer. Je la loupe, mais je réussis à me réveiller aussi sec. Torse nu, assis sur ma couette, je reste quelque secondes dans l’air froid de mon appartement avant de me diriger vers la baignoire en bougonnant sec.
Après les cours, je suis passé à la bibliothèque me renseigner sur elle. J’ai emprunté quelques bouquins pour potasser peinard dans mon fauteuil.
Les pieds au chaud dans mes mules, en grignotant des cacahuètes, je parcours avec un délicieux frisson la galerie des horreurs de ces détestables créatures. Je n’avais pas connu cela depuis ma lecture de Frankenstein et la momie en cachette à huit ans.
J’apprends avec surprise que la mygale n’est pas mortelle, à part pour les cardiaques.
Ce serait plutôt elle qui se ferait attaquer. Les guêpes essaient de pondre leurs œufs dans son corps ; une fois écloses, les larves la dévoreront avant de s’envoler. C’est délicieusement dégoûtant. Je parcours les différentes races poilues et pattues en léchant mes doigts pleins de sel. De toutes les araignées, seules les veuves noires sont mortelles. Elles ont pour habitude de tuer leurs amants après l’accouplement, du coup ces derniers capturent une
mouche et l’enrobent plusieurs fois de toile pour occuper leur compagne. Le temps qu’elle ait fini de déballer la nourriture, ils ont fait leur boulot et sont déjà loin. Mais si le mâle n’a aucun insecte à offrir, il fait un cocon vide ; la femelle ne s’aperçoit que bien trop tard qu’elle s’est fait flouer. Aussi ont-elles pris l’habitude de secouer le « cadeau » pour s’assurer qu’il n’est pas vide. Les mâles ont trouvé la parade : ils mettent leurs excréments dans le cocon pour qu’il fasse du bruit.
J’apprends aussi que les araignées ont un rôle important à jouer dans la régulation naturelle, notamment en réduisant le nombre d’insectes comme les mouches et autres grillons. Cela ne les rend pas plus sympathiques, certes, mais tout de même, ça prouve que c’est toujours plus utile que les limaces.
Enfin bon, tout cela est très intéressant mais ne m’indique pas comment je peux faire pour me débarrasser de la coquine qui squatte chez moi. Nulle part ne sont indiquées des plantes ou des odeurs particulières qui pourraient servir de répulsif naturel.
J’en ai vraiment marre. Cela fait plusieurs jours que je la croise au détour d’un bol soulevé ou d’une porte ouverte. Au début, je tentais de l’écraser du pied, mais j’ai fini par renoncer.
Il faut que je frappe un grand coup avant de m’avouer définitivement vaincu.
J’ai un plan risqué, mais je n’ai pas le choix.
J’ai hésité un moment à laisser la porte ouverte en partant à la fac, mais rien ne prouve qu’elle serait sortie, et je n’ai pas envie de me faire voler mon ordinateur et mes maigres possessions vestimentaires. Non, il fallait trouver quelque chose de plus radical.
J’ai commencé par enlever les joints des fenêtres. J’ai aussi percé au tournevis les trous bouchés avec du plâtre. Les plinthes sont de nouveau décollées. L’air froid de ce début d’hiver entre par tous les trous. Je termine mon œuvre en ponçant le bas de la porte pour laisser un interstice important. Voilà. C’est fait. Avec tous ces courants d’air, si elle ne s’en va pas maintenant, elle mourra de froid.
Et moi aussi ! Je crains d’avoir sous-estimé la rigueur du dehors. Emmitouflé dans des couvertures, assis sur mon lit, je scrute tout l’appartement en soufflant sur mes doigts gourds. J’aimerais qu’elle s’en aille sous mes yeux, je veux être fixé. Encore mieux : trouver son corps encore engourdi sur le carrelage, et l’écraser d’un coup de talon.
Je souffle encore plus fort sur mes mains, mais mon haleine est froide avant même de les atteindre. Seules mes fesses sont au chaud, je ne sens plus mes pieds et un filet de morve s’écoule de mon nez. Je tends ma main vers mes mouchoirs.
Je la saisis. Elle était juste à côté de moi, je ne l’avais même pas vue. Elle bouge à peine. Marrant comme ça chatouille, toutes ces pattes. Bon, je ne vais pas l’écraser avec les mains, c’est dégueulasse. Je vais la poser sur le sol et la tuer d’un coup de chausson.
Ouais, c’est ce que je vais faire.
Ouais.
Hmmm…
Bon.
Je soupire.
Je la dépose délicatement sur le carrelage, mets le chauffage à fond, reviens vers elle pour l’installer dans un lit de mouchoirs et entreprends en pleine nuit de rendre de nouveau à mon appartement son étanchéité d’origine.
Je ne sais pas trop pourquoi j’ai fait ça. Peu importe. Mais c’est quand même étrange de vivre avec une telle bête à côté de soi. Notre cohabitation ne se passe pas trop mal, mais j’avoue que je sursaute encore parfois quand je tombe sur elle par hasard.
Elle m’a débarrassé de deux mouches un peu trop collantes il y a quelques jours.
Mais, sa nourriture naturelle se faisant rare, je me suis laissé aller à ne pas essuyer tout de suite la table après mes repas, pour qu’elle puisse se nourrir.
La colocation se passe mieux que ce que je pensais. Finalement, c’est plus sympa qu’un chien. Sauf que ça ne ramène pas les chaussons, bien sûr. Mais chaque fois que je rentre des cours, elle est là à m’attendre, et c’est un plaisir de la voir tourner autour de moi à toute allure ! J’ai l’impression qu’elle a finit par connaître mes heures, car elle est toujours là quand j’ouvre la porte.
Elle mange maintenant à côté de moi. Elle se tient à mes pieds jusqu’à ce que je la prenne pour la poser sur la table. Elle a sa petite coupelle dans laquelle je dépose de fins petits bouts de viande. Pas trop : je n’ai pas envie qu’elle me fasse une indigestion.
Un drame a failli arriver. Je traînais un peu dans mon bain, bouillant à souhait, quand je l’ai vue escalader le mur à quelques dizaines de centimètres de mon visage. La condensation laissait des traînées humides un peu partout, c’est ce qui a dû la faire glisser. Elle est tombée directement dans la baignoire ; heureusement que j’étais là pour la récupérer. J’ai hésité à utiliser le sèche-cheveux, mais elle se serait sûrement envolée. J’ai donc opté pour la méthode classique : tapotements doux et continus avec un mouchoir propre.
Elle a bien plu aux copains. Ils étaient morts de rire de la voir courir sur mon bras, passer sous ma chemise et ressortir par l’autre manche. Aucun d’entre eux n’a voulu essayer, ils sont cons, c’est vraiment fendart.
Par contre, je me suis un peu énervé contre Alice. Elle la trouvait dégoûtante et a refusé de la prendre dans ses mains. Je ne la comprends vraiment pas.
C’était un dimanche matin. Je crois que je m’en souviendrai toujours. Je traînais au lit depuis une bonne heure déjà, et elle, posée sur mon ventre, s’élevait et s’abaissait au rythme de ma respiration. Je la titillais gentiment du doigt pour l’agacer. C’est alors qu’elle est montée dessus. Elle a parcouru mon bras, a escaladé mon cou, a repris son souffle sur mon menton et s’est posée sur mes lèvres.
Je ne connaissais même pas son nom.
Je la pousse doucement, sans espérer grand-chose. Effectivement, elle ne bouge pas.
Elle ne bougera plus jamais.
Je me mords la lèvre.
Nous passions beaucoup de temps ensemble. Je ne compte plus les week-ends en tête-à-tête, à jouer avec une pelote de laine ou à traîner dans un parc. Je lui avais fait une petite boîte pour la déplacer plus facilement. On était même allés à la campagne une fois ; je l’avais déposée dans l’herbe courte, un peu de paprika sur le dos pour ne pas la perdre de vue, et on avait chassé les papillons tout l’après-midi. Le soir, elle s’était tout de suite endormie dans ma main.
Je regarde l’appartement. La table est toujours là. Mon lit n’a pas bougé. J’ai toujours les mêmes vêtements dans la penderie. Mes classeurs sont encore posés en vrac sur le carrelage. Il me reste ce livre de Kafka qu’il faudra bien que je finisse un jour. Un peu futile tout ça, non ?
Mes yeux se reposent sur elle.
Sans réfléchir, je la prends et je l’avale.