J’avais eu un sommeil très agité cette nuit-là. Etait-ce à cause de la vague de chaleur, était-ce le vin blanc frais que j’avais bu ou bien encore ce rêve banal qui, pourtant, m’avait terrorisée et hantée longtemps sans que je ne parvienne à concevoir pourquoi ?
La veille au soir, exténuée, je m’étais allongée sur mon lit sans même avoir eu le courage d’ôter mes vêtements. La fenêtre de ma chambre largement ouverte me permettait de profiter de l’air nocturne encore chaud de l’été. Lentement, insidieusement, mon inconscient gagna la bataille qu’il livrait déjà depuis un moment avec mon conscient et un rêve s’imposa peu à peu à mon esprit endormi.
J’étais seule dans une ville que je n’avais jamais vue auparavant. Pourtant, curieusement, il me semblait la connaître. Je me trouvais au centre d’une vaste place, envahie d’un étrange sentiment. Quelques cafés débordaient, formant d’agréables terrasses. Un bâtiment imposant à ma droite – je savais qu’il s’agissait de l’hôtel de ville – attira mon attention quelques secondes, puis me retournant légèrement, je découvris un autre édifice s’ouvrant sur un paisible jardin. En réalité, je ne prêtais que peu d’attention à cet environnement car mon regard s’était mystérieusement laissé emprisonner par un monument d’un autre genre : une fontaine. Elle me fascinait, elle me paraissait gigantesque. D’énormes chevaux se cabraient, ils semblaient presque vivants, prêts à bondir. De leurs naseaux jaillissaient des milliers de gouttes d’eau formant des nuées blanchâtres contrastant avec le gris du ciel bas et menaçant. J’étais subjuguée, comme happée par ces puissants chevaux qui paraissaient vouloir me signifier quelque chose d’essentiel. Quelle étrange fontaine… !
Soudain, un bruit assourdissant, infernal, déchira cette image ; je crois que j’ai crié puis la fontaine disparut, me laissant dans la nuit noire. Ces ténèbres subites me terrifièrent. J’allumai ma petite lampe de chevet comme un enfant apeuré qui a besoin de lumière afin de s’assurer que son univers n’a pas changé. Mes tableaux, mes objets familiers me ramenèrent à la réalité mais la vision de ces chevaux ne me quittait pas pour autant. Leur image restait gravée avec précision dans mes pensées qui, pourtant, auraient désiré s’en défaire. Bien plus tard, au creux de la nuit mystérieuse, la fontaine continua à me tenir éveillée…
Je menais depuis toujours une existence paisible à Strasbourg et j’adorais cette ville. J’éprouvais une joie sincère à déambuler nonchalamment dans ses ruelles pavées, à me prélasser au bord de l’Ill ou bien encore à m’installer à la terrasse de la célèbre Maison K. afin d’admirer paisiblement les couleurs changeantes de ma cathédrale bien aimée. Tant qu’au loin j’avais la possibilité d’en distinguer la flèche, j’avais le sentiment d’être en sécurité et tout me semblait si magnifiquement ordonné que rien de fâcheux ne pouvait survenir. Je m’accordais le temps d’observer les maisons à colombage, les devantures des «Winstubs» typiques de la région et les touristes allemands heureux de découvrir tant de splendeurs tout en dégustant des bretzels encore chauds. Tout me semblait parfaitement à sa place, en harmonie avec mon être intérieur et avec l’univers entier, je me sentais tout simplement chez moi. Je n’avais pas pour habitude de voyager beaucoup car la beauté de la région ne m’avait jamais incitée à partir ne serait-ce que quelques jours. En effet, quand un individu ressent la nécessité impérieuse de déserter son foyer, c’est pour tenter de trouver ailleurs ce qui lui manque ou bien encore pour fuir ce qui ne lui convient pas. Cela ne s’appliquait pas à mon cas car j’avais sur place suffisamment de quoi nourrir mes rêves et mes désirs. La période de l’Avent, pendant laquelle l’Alsace entière se pare de ses plus beaux atours afin de célébrer dignement Noël, m’enchantait tout particulièrement. Toutefois, j’avais promis d’aller rendre visite avant les fêtes à mon amie d’enfance Isabelle qui avait pris la décision de s’installer à Lyon quelques mois auparavant. L’idée du voyage en lui-même ne m’enthousiasmait guère, j’étais cependant très impatiente de rejoindre pour quelques jours mon amie de toujours à laquelle j’étais très attachée. Elle faisait partie de ces rares êtres qui ont le don d’adoucir les aigreurs de l’existence et avec qui tout paraît simple, elle avait cette étrange faculté de rire de tout avec une apparente légèreté sans pour autant négliger le sérieux de certains sujets et son départ m’avait beaucoup attristée. Malgré son attachement pour l’Alsace, elle avait préféré fuir ses douloureux souvenirs. Ces dernières années avaient été particulièrement cruelles envers ma malheureuse amie qui avait brutalement perdu ses parents. Et le sort continua très injustement à s’acharner contre elle, ainsi l’homme qu’elle aimait et avec qui elle imaginait passer son existence entière s’était envolé sans regret vers de nouvelles aventures amoureuses. Malgré ces épreuves, elle avait trouvé le courage de commencer une nouvelle vie à Lyon et grâce à elle, je m’apprêtais à découvrir cette belle cité. Nous avions d’ores et déjà planifié une visite du vieux Lyon et de ses traboules, du magnifique théâtre gallo-romain, du pittoresque quartier de la Croix Rousse et de sa maison des Canuts… Elle m’avait dépeint à maintes reprises l’immensité de la place Bellecour, le magnifique site de la basilique de Fourvière ainsi que la fête des lumières. En quelques jours, j’aurais sans nul doute beaucoup à découvrir. Je prenais le train le 19 décembre.
C’était une magnifique journée, un temps à promenade, le ciel était bleu, le froid sec, le soleil ne se faisait pas prier pour nous envoyer ses rayons, égayant la ville entière ainsi que les sombres pensées de ses habitants. J’étais arrivée la veille au soir à Lyon. Isabelle et moi avions mille choses à nous raconter, chacune de nous voulait faire partager à l’autre ses sentiments, ses émotions, ses pensées et finalement nous étions tellement absorbées par nos retrouvailles que je ne garde qu’un souvenir vague du petit «bouchon lyonnais» où nous avions dîné la veille. Contrainte d’aller régler quelques détails avant ses congés, Isabelle m’avait abandonnée pour la matinée. Je me trouvais donc seule dans une ville inconnue. Mon amie habitait quai de la Pêcherie. De son salon, on pouvait admirer la Saône.La ville, sous un soleil inattendu, paraissait m’inviter à sortir. Je décidai d’aller découvrir au gré de mes envies le quartier environnant. Je descendis en hâte les cinq étages raides et sombres de mon habitation lyonnaise. L’air vif m’incita à marcher d’un bon pas. Après avoir longuement profité de la Saône, j’eus envie de découvrir l’autre fleuve de cette ville, le Rhône. Un passant me conseilla de me diriger vers l’Opéra en passant par la place des Terreaux, le Rhône n’était pas loin. Je débouchais vite sur une place. Chose étrange, je découvris un monument que j’avais déjà vu, l’hôtel de ville. D’où pouvais-je connaître cet édifice? Peu à peu, l’étrangeté de déjà vu m’envahit. En me retournant, je vis d’immenses chevaux et tout se précipita dans mon esprit, réveillant ce rêve lointain qui m’avait hantée quelques années auparavant. Toutefois, je ne reconnaissais pas vraiment cette place, la fontaine ne se situait pas au même endroit et les naseaux des chevaux restaient secs. De plus, la magie du soleil avait donné des couleurs attrayantes au décor qui m’entourait, il n’avait rien de menaçant, cependant les chevaux étaient ceux de mon songe, j’en étais certaine. Avais-je eu l’occasion d’observer ce lieu dans un livre, sur une carte postale? Pourquoi cette image s’était-elle insidieusement faufilée en mon âme ? Et comment pouvais-je me souvenir avec précision de cet espace sans avoir placé la fontaine au bon endroit ? Quelle curieuse sensation… ! Jusqu’à ce jour, j’avais été persuadée que la fontaine de mes songes avait trouvé naissance dans les mystères de mon être profond et voilà que soudain, je me trouvais face à elle dans la réalité et je ne ressentais aucunement l’angoisse qui m’avait poursuivie cette nuit de canicule. A présent, ce lieu disposé de manière différente me paraissait bien inoffensif. Les souvenirs et la réalité présente se mêlaient peu à peu, le caractère terrifiant de mon rêve s’estompait et je décidai, bien qu’un peu déboussolée par la mystérieuse rencontre d’un vieux rêve, d’aller visiter le musée des Beaux-arts où je pourrais me réchauffer tout en m’instruisant et me régalant d’art et de couleurs.
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Depuis cette première visite à Lyon, de nombreuses années s’étaient écoulées, j’étais désormais mariée. Mon époux était chercheur et participait régulièrement à des congrès ce qui était l’occasion pour lui de découvrir de nombreux pays. Je ne le suivais que rarement. Des voyages dignes de faire rêver la planète entière ne représentaient pour moi que contrainte. Je me faisais parfois violence pour accompagner l’homme qui partageait ma vie dans ses découvertes du monde, mais je n’abandonnais qu’avec regret ma tendre Alsace et son air vivifiant. Cette fois-ci, il devait se rendre à Lyon et pensait que c’était pour moi l’occasion de revoir Isabelle. Depuis une dizaine d’années, nos relations s’étaient bien relâchées. Un éloignement géographique entraîne toujours un éloignement affectif. Nous croyons souvent que notre attachement va se montrer plus fort que l’espace qui nous sépare mais en réalité, l’espace se transforme insidieusement en temps et nous restons tous désespérément impuissants face à ce temps qui fuit et nous échappe. Une vraie relation nécessite le partage. Au téléphone, nous ne partageons qu’une conversation qui peu à peu dépérit. Alors, un riche dialogue se métamorphose en deux tristes monologues que rien ne relie plus si ce n’est de lointains souvenirs. Cependant, l’idée de retisser des liens avec ma jeunesse en revoyant Isabelle me tentait beaucoup. J’avais subitement le sentiment d’avoir retrouvé l’enthousiasme d’une adolescente et j’avais toute de suite accepté de retourner à Lyon. Mon mari était ravi de cette décision. J’avais quelque appréhension à reprendre contact avec mon amie et préférais attendre d’être sur place afin de la surprendre. Je savais qu’elle avait déménagé et s’était installée dans une petite villa à Collonges au Mont d’Or, aux bords de Saône. Elle aimait la Saône et m’avait, quelques années auparavant, fait part de ses fréquentes et longues promenades solitaires pendant lesquelles elle savourait la beauté de ce lieu. Isabelle avait admirablement réussi sa vie professionnelle mais semblait ne pas avoir trouvé l’homme avec qui profiter de cette belle réussite. J’éprouvais étrangement beaucoup d’impatience et de joie à l’idée de voyager, de revoir Lyon, de passer quelques jours privilégiés avec mon mari, avec Isabelle. Plus la date du départ approchait, plus mon excitation croissait. C’était un état nouveau pour moi et malgré mon étonnement, je m’en réjouissais.
Nous arrivâmes à Lyon en début d’après-midi. Le temps était légèrement couvert et humide. Si la pluie ôte à une ville ou à un paysage son caractère joyeux, elle lui apporte en contrepartie une part de mystère qui pousse le promeneur à la rêverie. J’aimais ce genre d’ambiance orageuse et grise. Nous logions dans un hôtel plein de charme donnant sur une petite place qui se nommait «place des Célestins». La grande Place Bellecour que je reconnus tout de suite se trouvait à deux pas. Le congrès auquel devait assister mon époux ne débutait que le lendemain, nous disposions donc du reste de la journée pour découvrir ou redécouvrir les richesses de cette ville. Après une courte halte à notre hôtel, nous partîmes main dans la main, tels deux jeunes amoureux. Je gardais en mémoire un souvenir ému de la vieille ville et de la visite détaillée et amusante que m’avait autrefois organisée Isabelle et je souhaitais y mener mon mari. Le retour dans cette ville et la vue de certains monuments déjà aperçus il y avait bien longtemps provoquait en moi le retour de souvenirs anciens. Je me remémorais mon enfance heureuse, mes petites camarades de l’époque, puis mon adolescence et la difficulté de grandir dans un monde que l’on a souvent du mal à comprendre. Une cascade d’images d’événements heureux, d’anecdotes amusantes mais également de souvenirs plus amers déferlait sous mes yeux, et je songeais que l’existence m’avait gâtée. Je pensais à mes parents et à leur soutien permanent, à mon adorable frère, à sa gentillesse et sa serviabilité, à ses deux filles devenues presque femmes, à ma jeune sœur si fragile… Accompagnée de mes souvenirs, je marchais aux côtés de mon mari silencieux et je me mis à observer cet homme que j’aimais tant. J’ignore quelle aurait été ma vie si je n’avais pas eu la chance inouïe de croiser plus de vingt ans auparavant son regard tendre. Je sus immédiatement qu’il représentait la part de moi-même qui m’avait parfois si cruellement manqué. Ce jour-là, mon époux avançait à mes côtés comme il l’avait toujours fait durant toutes ces années et je ne pus résister au désir de le prendre soudainement dans mes bras et de le serrer très fort. J’avais parfois peur de l’aimer tant. Qu’adviendrait-il si le destin qui jusqu’à présent s’était montré si clément envers moi décidait brusquement de me l’enlever ?…
Mon mari avait dû partir tôt ce matin. La veille, nous avions passé une si belle soirée qu’elle faisait désormais partie de ces moments d’exception qui jalonnent une existence et la rendent digne d’être vécue. Je savais que le souvenir de ces instants remplis de joie, de connivence et d’infinie tendresse resterait gravé en moi. Je regardai par la petite fenêtre de notre chambre joliment encadrée d’un rideau aux couleurs apaisantes. Le soleil s’était caché, il pleuvait. J’observais les nuages qui avançaient rapidement et je me souvins tout à coup de mon enfance quand mes parents, mon frère, ma sœur et moi partions en vacances au bord de mer. Nous adorions regarder les quelques nuages présents et chercher à reconnaître des objets ou des êtres extraordinaires dans leur forme curieuse. Nous nous chamaillions souvent car l’un voyait quelque chose et l’autre riait prétendant que c’était ridicule, que le nuage ne représentait en aucun cas une sorcière sur son balai mais bien davantage un dragon crachant du feu. Je songeais que la vie des enfants n’était finalement pas si éloignée de la vie des adultes et que la principale source de conflit entre les hommes n’était souvent que le résultat d’une perception différente des choses qui nous entourent, doublée d’une interprétation en accord avec notre propre imaginaire. Depuis la veille, sans raison apparente, je pensais beaucoup à ma vie, à mon passé et mes émotions semblaient exacerbées. Peut-être était-ce à cause du changement d’air. Cela dit, un voyage est souvent l’occasion de faire le point sur sa propre existence, d’en percevoir ce qui en a constitué la richesse et de regarder l’avenir en face en se fixant des objectifs précis. Je songeais à cet instant que j’avais peut-être eu tort de ne pas accompagner mon mari plus souvent et que ces moments ensemble, loin de notre environnement habituel, nous comblaient plus que je ne l’aurais cru. Je fis un effort pour quitter mes pensées afin de me préparer à arpenter les rues pluvieuses de Lyon. Je pris plaisir à revoir la place des Jacobins et me dirigeai vers une petite rue piétonne qui semblait me faire signe, rue Mercière, très jolie ruelle où se succédaient de nombreux restaurants à la décoration attrayante. Ensuite, je flânais rue de Brest admirant les vitrines des nombreuses boutiques, puis m’engageant rue Edouard Herriot, je remarquai un beau costume et rêvai de le voir porté par mon mari. Je souriais en songeant à lui, sentant son sourire en retour. J’étais presque certaine qu’à ce moment précis sa pensée s’envolait vers moi. Nos pensées sont comme des boomerangs, elles partent rendre visite à quelqu’un puis nous reviennent. Quel plaisir de flirter ainsi avec les sphères étranges de l’amour ! Je reconnus de loin le bâtiment du Musée des Beaux-arts. Quelques toiles me revinrent en mémoire, notamment un paysage de Monet qui m’avait, il y a bien longtemps, envoûté par ses couleurs plus puissantes que la réalité même. Certains artistes parviennent à réunir sur une petite parcelle de toile enduite et tendue, sur quelques malheureux centimètres carrés, un univers entier de sensations car leur génie leur permet de saisir, sans qu’il s’échappe, l’infini d’un instant. J’avais aimé ce musée et décidai d’y conduire mon mari dès le lendemain. J’avançais lentement jusqu’au bout de la rue, je découvris quelques cafés formant d’agréables terrasses, un bâtiment imposant à ma droite, c’était l’hôtel de ville, puis en me retournant légèrement, je découvris la fontaine, elle était à sa place, à la place qu’elle occupait dans mon cauchemar. Elle me terrifia, elle était gigantesque. D’énormes chevaux se cabraient, ils semblaient presque vivants, prêts à bondir. De leurs naseaux jaillissaient des milliers de gouttes d’eau formant des nuées blanchâtres contrastant avec le gris du ciel bas et menaçant. J’étais terrifiée par ces puissants chevaux qui paraissaient vouloir me signifier quelque chose d’essentiel. Je perdis presque l’équilibre, les pulsations de mon cœur m’étaient devenues douloureuses, le sang me montait au visage, pourtant je grelottais, les images se bousculaient dans mon esprit, je ne comprenais rien à cet état d’angoisse subite et à ce rêve ancien devenu bien réel. Avais-je perdu l’esprit, je délirais sans doute, pourquoi cette fontaine, pourquoi là, pourquoi aujourd’hui… Soudain, un bruit assourdissant, infernal déchira cette image, je crois que j’ai crié puis la fontaine disparut, me laissant dans la nuit noire.
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C’était dimanche, Isabelle prenait comme à l’habitude son petit déjeuner constitué d’un croissant, d’un café bien fort et du journal du jour. Un article attira son attention, un drame s’était produit la veille place des Terreaux. Une touriste alsacienne s’était fait renverser par un chauffard en état d’ivresse. En tombant, sa tête avait heurté violemment les épaisses tubulures métalliques servant de barrière et entourant la place, elle était morte sur le coup. Isabelle, attristée par ce tragique événement, se mit à songer à l’Alsace et à sa jeunesse, à ses parents qu’elle avait eu le malheur de perdre si jeune et eut une pensée pour son amie d’autrefois. La nostalgie du passé l’envahit, une larme coula lentement sur sa joue et tomba silencieusement sur le journal ouvert formant une petite tâche noire.